vendredi 7 décembre 2012

L'hyperphagie; mon expérience...

Je ne sais pas comment l'hyperphagie est entré dans ma vie... Premièrement, je viens d'une famille où il y a beaucoup de divers problèmes de dépendances: alcoolisme, toxicomanie, dépendance affective... Si je dois en croire la science, et mon expérience personnelle, j'avais une prédisposition génétique. Je tenterai de revenir sur les particularités du cerveau de ceux qui souffrent de dépendances.

Petit à petit, la nourriture est entrée dans ma vie comme une récompense, et je ne démonise pas cette idée. Puis mon père a commencé à nous acheter des cochonneries et je crois que c'était pour que nous lui pardonnions de boire autant... Au fil des années, j'ai tellement voulu ne pas devenir alcoolique! C'est peut-être un facteur qui explique que je n'ai pas vu la dépendance alimentaire s'installer.

J'y vais d'hypothèses sur mon cheminement. Mon témoignage n'est pas une science! Mais ça peut aider à comprendre un mal méconnu.

Au début de l'âge adulte, j'ai commencé à aimer manger devant la télé. J'avais peu d'amis, peu d'argent, et manger seule devant la télé était un plaisir simple. C'est devenu problématique lorsque je suis passée du plaisir de manger seule au besoin de manger seule. Face à un plaisir, c'est nous qui avons le contrôle, face à un besoin c'est le besoin qui contrôle.

À force d'introspection et avec la psychothérapie, j'ai compris à quel point la notion de contrôle est importante dans un trouble alimentaire. Le contrôle c'est vaste, et j'y vois un lien direct avec l'insécurité. Quand on manque de contrôle, on est insécure, logique non? Comme plusieurs je vis mal avec l'insécurité et j'ai remarqué que la nourriture m'appaise. En fait je précise; me gaver de malbouffe m'appaise. À y penser ce soir, je pense que c'est le sentiment de lourdeur qu'on ressent après avoir avalé beaucoup de nourriture qui m'appaise, comme une neige lourde après une tempête... Étrange parce que mon bonheur à m'alimenter sainement est le sentiment de légèreté et de liberté que ça m'apporte!

Lorsque je vais mal, que je ne suis pas une hyperphagique abstinente mais plutôt une fille malade, je mange évidemment de grandes quantités de nourriture. Il y a beaucoup d'autodestruction dans ce trouble, donc je mange des "cochonneries". Et j'avais l'habitude dans les périodes de crises de cesser ce qui était bon pour moi, j'arrêtais complètement de manger des trucs sains et de faire du sport. C'était tout un ou tout l'autre!

Je vais beaucoup mieux! Autrement j'aurais repris tout mon poids lors des moments difficiles comme l'hiver dernier! Mais certaines émotions sont encore difficiles à gérer. Et lorsque j'ai vraiment besoin d'appaisement, il m'arrive encore d'avoir le réflexe de me cacher pour manger. C'est très fort! Le besoin de manger des "cochonneries" en grande quantité et rapidement, ça devient obsédant. Je ne peux plus penser à rien d'autre. C'est devient même difficile de me concentrer sur une conversation!

Dans les périodes où j'étais le plus perdue, je vous confesse qu'il m'est arrivé des moments où même la nourriture ne m'appaisait plus. Certains soirs, je devais boire. J'avais tellement besoin du calme que m'apportait le gavage ou là l'alcool, que j'en tremblais! Un soir où je regardais le dépanneur de ma fenêtre, fébrile et presque tremblottante à l'idée d'aller m'acheter de la bière, j'ai réalisé à quel point j'avais un problème...

Je pourrais raconter encore des tas de choses sur le sujet mais vous avez là un portrait assez clair de ma vie d'hyperphagique. C'est une dépendance comme une autre. On a le choix: on la laisse prendre le contrôle de notre vie ou c'est nous qui reprenons le contrôle en devenant plus fort, plus libre!

J'espère vraiment vous aider! Vous avez des questions? des commentaires? Faites-moi signe si je peux faire quoique ce soit! Vous pouvez me rejoindre:
Je vous souhaite beaucoup de bonheur!

1 commentaire:

  1. Je voyais autrefois la vulnérabilité comme quelque chose de dangereux, mais je me rends compte que se montrer vulnérable est en fait une force en soi. c'est s'accepter comme on est, avec ses défauts, ses qualités.... mais surtout se permettre l'erreur. Quand on ne se permet pas de faire d'erreurs on se punit et ça devient un cercle vicieux. Au début les gens me disaient que je devrais pas parler aussi ouvertement de mes "problèmes". Moi je pense qu'au contraire c'est en en parlant qu'on se rend compte que c'est pas de la "folie", qu'on est pas les seuls dans notre coin à avoir ces problèmes. Attention je ne dis pas là que si plusieurs personnes partagent nos dépendances cela devient normal et acceptable!! Je dis que comme n'importe quelle dépendance il est très difficile de s'en sortir seul, sans support. Plusieurs groupes d’entraide pour tout type de dépendance existent. Cependant, comme pour prendre un rendez-vous chez un psychologue, c'est souvent le premier pas qui est long à faire. C'est illogique, comme si ce mal être qui nous habite était au fond réconfortant, qu'on a peur de l'inconnu. Je pense que de nos jours si on veut rejoindre les jeunes et moins jeunes l'internet est de mise. Trouver du support sans sortir de chez nous, sans vraiment nous montrer, ca aide beaucoup.

    Dans tous les cas j'ai toujours cru que de "s'exposer" de se "confier" par écrit, avec public ou non nous aide à mieux comprendre les mécanismes psychologiques de ce qui nous habite. Moi ca me permet lorsque je fais des faux pas de me dire " je m'aime quand même, j'ai fait une erreur, je vais me rattraper et faire mieux" au lieu de " j'ai fait une erreur , je le savais, je suis nulle!"

    J'ai lu récemment que le ministre de la santé comptait peut être rendre les services psychologiques accessibles à tous grâce à la RAMQ, ca serait une bonne idée, car quand bien même on se décide à faire le grand pas, les délais sont extrêmement longs, au CLSC à moins qu'on soit au bord du suicide ils veulent pas nous voir, les écoles de psycho ben c'est 300$ une ouverture de dossier... c'est juste que c'est LÀ qu'on décide qu'on veut des soins, plus le délai est long, plus le prix est cher plus au final on abandonne.

    By the way je suis toujours contente de te lire, je me sens plus normale :)

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